PRESENTATION
Ce numéro spécial de la revue Passages de Paris regroupe les travaux de recherche présentés à l’occasion du I Séminaire Recherches sur le Brésil Contemporain, tenus à la Maison du Brésil, à Paris, en mai 2008. Rédigés en français et en portugais, les quatorze articles qui suivent s’organisent autour de quatre axes thématiques: (i) Société, Économie et Droit ; (ii) Réflexion sur le langage; (iii) Histoire des idées ; (iv) Travail, Quotidien et Mémoire.
Dans le premier axe – Société, Économie et Droit – figurent les articles de Daniela Garcez Wives et Carlos M. Netto, Marina de Souza Sartori, Phillipe Tshimanga et Taysa Schiocchet. L’article de Wives et Netto, intitulé « A LA RECHERCHE DE L’HETEROGENEITE : L’AGRICULTURE A BASE ECOLOGIQUE SOUS UNE PESRPECTIVE TOURNEE VERS L’ACTEUR DANS LE LITTORAL NORD DU RIO GRANDE DO SUL » traite de l’hétérogénéité de l’agriculture à base écologique dans l’état brésilien de Rio Grande do Sul. En prenant pour point de repère quelques caractéristiques de ce découpage – une production qui donne un nouveau sens au lieu – les auteurs ont constaté que ces systèmes sont directement liés aux pratiques, à la culture, au paysage et aux ressources locales, les résultats témoignant d’un développement durable considérable non seulement en ce qui concerne le rapport à l’environnement mais surtout à l’ensemble du réseau social. Dans l’article « LA CONSTRUCTION SOCIALE DU MARCHE D’INVESTISSEMENT SOCIALEMENT RESPONSABLE (ISR) AU BRESIL : LE ROLE DE L’INDICE DE DURABILITÉ », Sartori développe une étude sociologique de l’histoire de la création du ISE (Indice de Durabilité en Entreprise), en cherchant à comprendre la construction du marché d’investissement socialement responsable au Brésil. Pour entreprendre cette recherche, l’auteur argumente à partir de trois points majeurs : le concept d’indice financier, l’histoire de la création de l’ISE et le débat sur l’importance de cet indice. Dans l’article “LA PROBLÉMATIQUE DU TAUX D’INTÉRÊT AU BRÉSIL », Tshimanga développe une réflexion sur le rapport existant entre les taux d’intérêt sur la scène nationale brésilienne et la baisse croissance du pays depuis les dix dernières années. Sous la base d’une batterie de données sur les taux d’intérêt recueillis ces dernières années, l’auteur en conclut des difficultés de la politique monétaire brésilienne à s’insérer dans le contexte mondialisé. Dans le dernier article, intitulé « INFORMATIONS GENETIQUES HUMAINES ET DROIT : QUELQUES QUESTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION JURIDIQUE AU BRÉSIL ET EN EUROPE », Schiocchet réfléchit à l’impact des biotechnologies génétiques sur la législation brésilienne. L’article s’organise en deux parties : les termes spécifiques employés pour désigner les informations génétiques et le traitement accordé par la législation brésilienne actuelle aux innovations biotechnologiques. En analysant le « Protocole additionnel à la Convention sur les Droits de l’Homme et la biomédecine relative aux tests génétiques à des fins médicales » à partir du droit biotechnologique, l’auteur fait remarquer les contraditions entre les intérêts de l’individu soucieux de préserver son intimité et les intérêts collectifs du repérage, de la prévention et du traitement de maladies.
Le deuxième axe – Réflexion sur le langage – regroupe les articles de Aline Chaves, Camila Jourdan et Kátia Bernardon de Oliveira. Dans l’article « HISTOIRE ET EPISTEMOLOGIE DE LA NOTION DE GENRE: QUELS ENJEUX POUR UNE RECHERCHE EN SCIENCES DU LANGAGE? », Chaves dresse le panorama historique et épistémologique de la notion classique de genre (rhétorique, littéraire) pour ensuite discuter de la pertinence des études anciennes pour une meilleure compréhension de la problématique du genre discursif telle qu’elle se pose dans les sciences du langage, et plus particulièrement lorsqu’on revendique une démarche d’analyse du discours. Dans l’article « IMPREDICATIVITE, GENERALITE ET DEVELOPPEMENT DE LA PENSEE DE WITTGENSTEIN », Jourdan présente l’unité de l’oeuvre de Wittgenstein, l’évolution de sa pensée et le rôle de la notion d’imprédicativité dans l’ensemble de ses oeuvres. L’article « L’OPTIMALITY THEORY & LES ADAPTATIONS DES EMPRUNTS FRANÇAIS AU PORTUGAIS BRESILIEN », de Bernardon, traite du mécanisme d’emprunts de la langue française à la langue portugaise en mettant l’acent sur la nécessité d’opérer une subdivision des cas d’adaptation ainsi que d’intégrer les aspects morphologiques et orthographiques à l’analyse phonologique des langues.
Dans le troisième axe – Histoire des Idées – se concentrent les articles de Maria Carolina Giliolli Goos, Marilice Corona et Mário Azevedo. Dans l’article « JOURNALISME CULTUREL AU BRÉSIL: LA CRITIQUE DE DANSE DANS LES JOURNAUX BRÉSILIENS », Goos effectue une analyse comparative de trois journaux brésiliens dans le but de détecter la présence et les différences entre ce qu’on appelle journalisme culturel et crititque culturelle. L’article du chercheur et artiste Mário Azevedo, intitulé « EXPOSITION/TÉMOIGNAGE : EXPLORER LES LANGAGES VERBO-VISUELS », propose d’envisager le discours verbal et visuel comme étroitement liés dans leur propre pratique artistique. Dans l’article « MES DOCUMENTS : LA MAISON ET L’ESPACE DE LA MÉMOIRE », le chercheur et artiste Marilice Corona se sert de trois concepts – mémoire, histoire et esthétique – pour avancer l’importance pour l’artiste d’étudier ses « Documents de travail », notamment en vue d’obtenir une meilleure compréhension sur son propre processus créatif. Son étude dialogue avec des images de l’enfance qui profilent et traversent son oeuvre.
Le dernier axe - Travail, Quotidien et Mémoire – est composé par les articles de Davisson Charles Cangussu de Souza, Flávio Munhoz Sofiati, Marta Cioccari et Ricardo Medeiros Pimenta. Dans l’article « LA MOBILISATION POLITIQUE DES CHÔMEURS : UN DÉBAT AVEC LA SOCIOLOGIE FRANÇAISE », Souza aborde le thème du chômage et de la mobilisation politique des chômeurs en France du point de vue de la sociologie française pour en dégager l’historicité et la condition sociale, ce qui lui permet d’établir une comparaison avec l’expérience actuelle des chômeurs en Argentine. Flávio Munhoz Sofiati, dans l’article « LA JEUNESSE AU BRÉSIL : HISTOIRE ET ORGANISATION », réfléchit à l’importance de la religion pour l’organisation des jeunes brésiliens depuis les vingt dernières années. Entre autres, Sofiati montre comment et pourquoi on assiste à l’heure actuelle à de nouvelles formes d’engagement des jeunes, alors même que, tout en excluant des variables économiques et sociales, la composante religieuse n’avait pas rejoint les mouvements déclenchés par la jeunesse depuis la fin du XIXe siècle. Dans l’article « DU RIRE ET DE LA TRÁGEDIE: NOTES SUR LA CONSTRUCTION HÉROÏQUE DU MÉTIER DE MINEUR DE CHARBON AU BRÉSIL ET EN FRANCE », Cioccari mène une réflexion sur certains aspects de la représentation sociale de la profession de mineur de charbon, entreprise au long du XIXe siècle autour de la notion d’héroïsme mais mise en échec à l’heure actuelle pour des raisons qui tiennent à la fois des nouvelles conditions du monde du travail et de la fermeture systématique des anciennes mines. Enfin, l’article de Pimenta, intitulé « LE RÔLE DU PASSÉ DANS LES PRATIQUES SYNDICALES : REGARDS SUR LE BRÉSIL ET LA FRANCE », traite de la mémoire dans le monde du travail sous l’angle des syndicats brésiliens et français. L’auteur mène une débat autour du rôle de l’histoire dans les luttes ouvrières en avançant l’expérience mémorielle comme un élément d’action syndicale, d’où la nécessité de prêter une attention plus particulière aux mémoires collectives construites par les classes ouvrières.
Les auteurs et le comité d’organisation espèrent que ce numéro spécial procurera aux lecteurs le même plaisir qu’ils ont eu à le mettre au jour.
Comité de Rédaction du Numéro Spécial
Traduction/Tradução: Aline Chaves
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